суббота, 27 апреля 2024 года   

L'avant-dernière guerre dans une rue de Moscou

14.03.2024

Les Éditions Noir sur Blanc ont préparé un nouveau cadeau pour tous les amateurs de bonne littérature – cadeau que l'on peut trouver à partir d'aujourd'hui dans les librairies de Suisse et de France.

« Oh, que de découvertes merveilleuses ... » Certains d'entre nous se souviennent de ce vers de Pouchkine adressés aux figures de la science. Mais aujourd'hui, à mon tour, je les adresse à la maison d'édition lausannoise qui me permet de temps à autre à faire les découvertes dans ma propre littérature nationale.

La découverte de ce jour s'appelle Mikhaïl Ossorguine. La faible popularité – voire l’absence quasi totale de célébrité dont jouit l’auteur aux yeux du lecteur russe –, peut en partie s'expliquer sitôt que l’on prête attention à la chronologie de la publication de ses ouvrages : avant 1918, ils le sont à Moscou ; en 1921 à Riga, puis à Paris, Tallinn (jusqu'en 1938), Sofia, New York... Même ses Mémoires d'un exilé (1985) l’ont été à l'étranger – au sein du №84 du magazine Le temps et nous, édité de 1975 à 200. D'abord de façon mensuelle à Tel Aviv, puis, depuis 1981, tous les deux mois à New York. Il est d’ailleurs intéressant de noter que c'est dans ce magazine, dont le seul collaborateur était Viktor Perelman, qu'ont été publiés pour la première fois le roman Flea Market d'Alexander Galich, le Poème de l'existence de Naum Korzhavin, le Cas personnel de communiste de Yufa de Viktor Nekrasov, Solo on the Underwood et Le livre invisible de Sergei Dovlatov.

Le vide a été comblé depuis 1989, année au cours de laquelle les livres d'Ossorguine ont été – l’un après l’autre – publiés en Russie, puis, en 1999, sous la forme d'œuvres en deux volumes.

La biographie de l’auteur, assez détaillée, peut être trouvée dans diverses sources facilement accessibles, aussi ne m'attarderai-je que sur quelques-uns de ses points forts. Mikhaïl Andreïevitch Ilyin, qui prendra plus tard le nom de sa grand-mère, naît en 1878 à Perm, dans une famille de nobles (certains experts affirment que l'histoire des siens remonte à la dynastie des Riourikides). Dès ses années de gymnase il commence à publier dans diverses revues, puis poursuit cette activité alors qu'il est étudiant à la faculté de droit de l'université de Moscou, où il participe à l'agitation étudiante et s'intéresse professionnellement à la situation des couches pauvres de la population.

Comme beaucoup de personnes éclairées de sa génération, Ossorguine critiquait l'autocratie, ce qui le conduisit d'abord à épouser la fille du révolutionnaire Malikov, puis, un an plus tard, à rejoindre le Parti socialiste révolutionnaire et à participer à la préparation de la révolution de 1905… quand bien même sa participation resta indirecte : dans son appartement moscovite et dans sa datcha, il organisait des réunions, tenait des sessions du comité du Parti socialiste révolutionnaire, éditait et imprimait des proclamations et discutait des documents du parti. Après s'être abstenu de participer directement à la révolution, il change de position lors du soulèvement armé de décembre 1905. Déclaré dangereux "barricadeur", emprisonné pendant six mois à la prison de Taganskaïa, il est libéré sous caution. Aussitôt, il prend la direction de la Finlande, puis – via le Danemark – de l'Allemagne, de la Suisse, et pour finir de l'Italie, où il s'installe près de Gênes, à Villa Maria, où une commune d'émigrés est créée.

Le premier exil forcé a duré dix ans. Pendant cette période, il écrit un livre d'essais sur l'Italie, se passionne pour le futurisme, se convertit en judaïsme (non pour des raisons religieuses ou idéologiques, mais pour épouser l'avocate Rachel Ginzberg), quitte le parti et entre chez les francs-maçons, convaincu de la primauté des principes éthiques sur les intérêts du parti.

Avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale, le mal du pays devient insupportable ; aussi, en juillet 1916, Mikhaïl Ossorguine rentre illégalement au pays. Ayant avalisé la révolution de février 1917, il rejoint la Commission pour le développement des archives et des affaires politiques à Moscou, y travaille aux Archives du service de sécurité, et commence à publier de nombreux ouvrages. Mais cela ne dure guère : passé octobre 1917, Ossorguine s'oppose à la politique des bolcheviks. Il n'est pas arrêté immédiatement, mais seulement en 1919. Pendant cette période de liberté relative, Ossorguine et quelques-uns de ses amis – dont le philosophe Nikolaï Berdiaev – ouvrent la célèbre "Librairie des écrivains" de Moscou, qui existera jusqu'en 1922.

En août 1921, Mikhaïl Ossorguine est de nouveau arrêté, puis relâché – cette fois grâce à l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen qui, à l’époque, aidait activement à lutter contre la famine en Russie. Libéré, Ossorguine n’en est pas moins relégué à Kazan. Durant l'automne 1922, avec quelques centaines d’intellectuels russes de grande valeur, il est confié au soin du célèbre « paquebot des philosophes ». Ceci pour un exil sans retour.

Dans son livre Comment nous avons été déportés, Mikhaïl Ossorguine cite le commentaire de Trotski sur les raisons de cette expulsion : « Nous avons expulsé ces gens parce qu'il n'y avait aucune raison de les abattre et qu'il était impossible de les tolérer ». C’est là dire qu’ils ont eu beaucoup de chance de s’en être tirés. Quelques années de plus et on aurait trouvé une bonne raison – à compter même qu’on l’ait recherchée ! – de les exécuter.

Après avoir passé un an à Berlin, Ossorguine s'installe à Paris, où il conclut en 1926 un troisième mariage : avec l'historienne Tatiana Bakounina… laquelle n'a rien à voir avec le célèbre anarchiste. Jusqu'en 1937, il conserve la nationalité soviétique, puis vit sans aucun passeport – pas même un passeport Nansen. La vie suit son cours jusqu'en juin 1940. Après l'occupation de Paris par les nazis, Ossorguine et sa femme fuient la capitale française et s'installent à Chabry, sur ce qui était encore la rive française du Cher. C'est là qu'Ossorguine écrit Dans un endroit tranquille de France et Lettres sur des choses insignifiantes. C'est là aussi qu'il va mourir, en 1942.

Condamnant la guerre, l'écrivain réfléchit à la mort de la culture, met en garde contre le danger d'un retour de l'humanité au Moyen Âge, s'afflige des dommages irréparables qui peuvent être causés aux valeurs spirituelles. En même temps, il se prononce fermement en faveur du droit des hommes à la liberté individuelle. Dans ses Lettres sur des choses insignifiantes, l'écrivain prévoit une nouvelle catastrophe : « Quand cette guerre sera finie, le monde entier se préparera à une nouvelle guerre ».

Combien ces mots résonnent, vous en conviendrez, à la manière d’un puissant tambour !

Une si longue introduction m’a semblé importante, de sorte que, lisant Une rue à Moscou, vous puissiez appréciez ce qu’Ossorguine y loge de son autobiographie et de sa sensibilité. Ses contemporains ont retenu de lui un être qui, dans les relations avec ses semblables, mettait avant toute autre chose, non la coïncidence des croyances idéologiques, mais la proximité humaine fondée sur la noblesse, l'indépendance et le désintéressement – sans oublier de mentionner son âme douce et délicate, sa nature artistique et l'élégance de son apparence.

Le roman-chronique Une rue de Moscou – l'œuvre la plus célèbre de Mikhaïl Ossorguine – devait bien plus tard être inclus dans l'édition russe en deux volumes de 1999 déjà mentionnée. En premier lieu, toutefois, il fut rédigé à Paris en 1928, puis publié l'année suivante. Entre ces deux dates s’en trouve une autre : 1973… année durant laquelle ce livre est publié pour la première fois en français à L’Âge d’Homme, la maison d'édition suisse fondée par Vladimir Dimitrievitch – ce dans une traduction signée Leo Luck. Aujourd'hui, cette édition, relue et corrigée par M. Lack lui-même, voit le jour dans la série "La bibliothèque de Dimitri" des Éditions Noir sur Blanc.

En français, le roman s'appelle donc Une rue de Moscou – ce qui n'est pas une mauvaise chose dans la mesure où, aux yeux des étrangers comme de nombreux Russes (même Moscovites !), le nom Sivtsev Vrajek – qui est le titre original du livre – peut ne rien dire. Il convient donc d'expliquer qu'il s'agit là d'une ruelle située dans le centre de Moscou, entre le boulevard de Gogol et la rue de l’Argent. Le nom, qui remonte au XVIIe siècle, provient d'un ravin (« ovrag »/ « vrajek » en russe) au fond duquel coulait une petite rivière, la Sivets (ou Sivka), connue depuis le XIVe siècle. Sivtsev Vrajek a changé plusieurs fois de nom, mais ce dernier reste tel quel depuis des années 1910.

Malgré l'aspect féerique de ce nom pour l'œil et l'oreille russes – le cheval Sivka, étant présent dans de nombreux contes de fée –, le roman de Mikhaïl Ossorguine n'a rien de tel. Il rapporte des événements historiques. Pour l'auteur, Sivtsev Vrajek est un symbole de cette Moscou intellectuelle presque disparue, où il a passé sa jeunesse et qu'il considérait probablement comme sa patrie. On peut dire que le symbole est bien choisi si l'on se souvient que, dans différentes maisons de cette ruelle – dont certaines ont disparu et d'autres sont devenues des monuments architecturaux –, Marina Tsvetaïeva et Maximilian Volochine, Mikhaïl Cholokhov et Irakli Andronikov, Maria Ermolova et Leon Tolstoï, Alexander Herzen et Yevgeny Pasternak et d’autres figures de la culture russe y ont vécu ou s’y sont arrêtés en différentes années.

Les chercheurs qui se sont penchés sur l'œuvre de Mikhaïl Ossorguine notent que l’auteur a suivi les traditions de Goncharov, Tourgueniev et Tolstoï. Sans entrer dans une polémique, j’ajouterais à la liste Pouchkine : les traits de son héroïne préférée, Tatiana Larine, se retrouvent bel et bien dans la Tanyusha d'Ossorguine. Mais ce qui m’a le plus frappé dans ce roman, c'est la présence presque physiquement tangible, palpable, de deux autres Mikhaïl – Prichvine et Boulgakov. Et ce, dès les premières lignes. Jugez-en par vous-même.

« Dans l’immensité de l'univers, dans le système solaire, sur la Terre, en Russie, à Moscou, dans la maison d’angle de Sivtsev Vrajek, dans son cabinet de travail, dans son fauteuil, était assis le savant ornithologue Ivan Alexandrovitch. Emprisonnée par l’abat-jour, la lumière tombait sur un livre et éclairait le bord d'un encrier, le calendrier et une pile de papiers. Mais le savant ne voyait que cette partie de la page où une image coloriée représentait la tête du coucou.

Elles n’étaient pas savantes, les pensées qui lui traversaient l’esprit ; c’étaient de simples pensées sur le nombre d'années qu'il avait encore devant lui. Elles le transportaient dans les profondeurs forêt où le coucou lançait son appel. Autant d’appels, autant d’années à vivre encore : cette croyance populaire n'est pas plus absurde que les autres façons de prédire l’avenir. Tout comme les médecins, le coucou se trompe. Aucun médecin ne peut prévoir le jour où un homme se fera écrasé par un tramway… ».

Notons qu'à l'époque de la création de ce roman, Mikhaïl Prichvine avait déjà écrit beaucoup de choses sur différents oiseaux, et que Mikhaïl Boulgakov, en décembre 1928, venait de commencer à travailler sur Le Maître et Marguerite, roman qui devait rendre célébrissime certain tramway moscovite censé avoir coupé la tête de l'infortuné Berlioz – l’homonyme russe du compositeur français. Cependant, Cœur de chien et La Garde blanche avaient déjà été publiés, en 1925, et il est difficile de ne pas remarquer les fils invisibles et infaillibles liant ces livres à Sivtsev Vrajek ; non bien sûr qu’il s’agisse d’un simple plagiat, mais plutôt de l'étonnante unanimité de pensée de personnes aux destins intimes bien différents, mais lestés par une douleur commune pour le sort du pays où ils sont nés.

De tels fils, notons-le, se tirent dans l’autre sens également : un de personnages d’Ossorguine s’appelle Mertvago. Boris Pasternak l’avait-il lu ?

Je ne vais pas vous conter le contenu du roman – espérant plutôt que vous vous offrirez le plaisir de le lire. J’aimerai juste – très brièvement, en pointillés et en quelques citations –, retracer l'évolution de la ligne centrale du sujet : la Première Guerre mondiale.

Dès les premières pages du roman, Ossorguine dénonce l'absurdité de sa « cause » : « Quand le petit Serbe eut appris à bien tirer, il décida de devenir un héros national. Pour cela, il était nécessaire de tuer l'ennemi national, nulle autre façon de devenir un héros. Et comme nombre de petits Serbes apprenaient à tirer à la cible cible sur les murs des poulaillers, il fallait bien que le destin envoyât à l'un d'eux une cible nouvelle : la poitrine de l'archiduc d’Autriche. Bien entendu, cela eût pu ne pas arriver ».

Cela eût pu ne pas advenir, chers lecteurs, si la vanité et une fausse conception du bien de la nation n'avaient pas frappé la tête du jeune homme. Mais c'est bel et bien arrivé, aussi la maison confortable de Sivtsev Vrajek n'a pas pu protéger la famille du professeur d'ornithologie d’une guerre qui a ruiné le toujours calculateur Erberg, a transformé le brillant officier Stolnikov en une souche, a donné des cauchemars au déserteur Andryusha et a privé de son inspiration le vieux pianiste Edouard Lvovich, auteur d’un tout dernier opus...

« Quel fut le nom de la première mère privée de son enfant ? Lui a-t-on élevé un monument avec une fontaine, une fontaine de larmes ? Dans quel album figure le timbre de la première lettre envoyée du front ? Le premier gémissement d'un blessé a-t-il été enregistré pour le gramophone ? La première malédiction lancée ouvertement fut-elle étranglée par une corde ou broyée par une pierre ? Désormais et pour de longues années, nul esprit scrutateur, nulle plume descriptive ne labourera ni ne cultivera un champ le rouge coquelicot de la guerre », écrivait Mikhaïl Ossorguine il y a cent ans à propos de la Première Guerre mondiale. Peut-être était-ce une erreur de les numéroter, l’une après l’autre, comme pour appeler la suivante ?

« Les villageois se méfiaient des citadins et ne les laissaient pas de bon gré entrer dans les isbas. Mais une fois ceux-ci admis, ils leur posaient toutes sortes de questions à propos de Moscou, des Allemands, des prix et de ce à quoi il fallait s’attendre. Ils savaient que la guerre était finie, mais ils n'avaient que les notions les plus vagues et les plus fantastiques quant à celui qui dirigeait maintenant la Russie ; ils demandaient s’il était vrai que le tsar avait été exilé et ce qu’en réalité voulaient les bolcheviks ».

Que s'est-il passé après la Première Guerre mondiale et une paix qui n'a satisfait personne ? La révolution bolchevique a eu lieu, suivi par la terreur, de nouvelles destructions, de nouvelles victimes innombrables… La terreur qui a transformé l'homme ordinaire qu'était Zavalichine en un tueur professionnel, à ce point imbibé du sang des autres que son propre sang a cessé de cailler. « Soyez une crapule et cessez de pleurnicher » - n’est-il pas le slogan de tous les Charikovs et autres Rhinocéros ?

Chaque guerre ramène l'humanité au Moyen Âge. Mais si nous savons déjà que l'Histoire a prévu une Renaissance, pourquoi ne pas essayer de sauter cette étape honteuse, comme s'il s'agissait d'un ravin (« ovrag »/ «vrajek »), afin de ne pas être tourmenté par les questions du genre « qui est à blâmer ? » et « que faire ? » pour le reste de l'éternité ?

 

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A PROPOS DE CE BLOG

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou, où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’Ètat de Moscou. Après 13 ans au sein de l’Unesco à Paris puis à Genève, et exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale, fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, quotidien russophone en ligne.

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