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L’accent russe | Le blog de Nadia Sikorsky

09.11.2021
(c) Eric Boulatov/Skopia

Galerie genevoise Skopia présente une exposition d’Eric Boulatov. Aujourd’hui, on le qualifie de peintre célèbre, voire de grand artiste. Ses œuvres se vendent aux enchères pour des millions de dollars, elles sont conservées dans les collections des musées les plus prestigieux, et posséder un Boulatov est une chance pour un collectionneur car, en plus de soixante ans d’activité, l’artiste n’a créé que moins de trois cents œuvres. Cependant, la reconnaissance de son talent n’a pas été immédiate, et elle n’a pas eu lieu dans son pays. Il s’est écoulé trente et un ans entre l’exposition collective de Moscou, en 1957, où ses travaux ont été présentés pour la première fois, et sa première exposition personnelle à Zurich, dans le très prestigieux musée Kunsthalle. C’est là que tout a commencé…

Les tableaux d’Erik Boulatov, peints dans une manière profondément singulière, sont toujours reconnaissables, impossible de les confondre avec l’œuvre d’un autre. Si l’on essaie de les disséquer, deux éléments toujours présents sautent aux yeux : surface plane et espace. Parfois quelques mots – un, deux, trois, pas plus. C’est laconique et clair, et l’effet produit sur le spectateur est hypnotique : on a envie d’entrer dans la toile, de pénétrer dans ses profondeurs, de s’y perdre. Peut-être cette simplicité et cette clarté apparentes lui viennent-elles de l’époque où, diplômé de l’Institut des beaux-arts Sourikov, il gagnait sa vie en illustrant des livres pour enfants aux éditions Malych. Ou peut-être que telle est sa vision du monde, simple et nette.

Quand on rencontre l’artiste, on est frappé de constater que ces énormes toiles ont été créées par un homme si frêle, aux yeux perçants et au sourire doux, désarmant. Agé aujourd’hui de 88 ans il continue à travailler. C’est avec émotion que je partage avec vous l’interview fait à Genève, en 2018, qui reste de l’actualité (en traduction de Galina Ackerman).

Erik Vladimirovitch, vos admirateurs sont inquiets : pourquoi avez-vous créé si peu de tableaux pendant votre longue carrière ?

J’aurais été heureux de pouvoir travailler plus vite. Mais je n’y arrive pas, simplement parce que je n’arrive pas à réaliser tout de suite ce dont j’ai envie, ce dont j’ai besoin. Le travail commence par une image, qui apparaît dans ma conscience ou dans mon subconscient, mais en tout cas, je la vois nettement. Or, quand j’essaie de la matérialiser, cela ne marche pas. Il est rare que quelque chose en résulte aussitôt. Généralement, je fais plusieurs dessins préparatoires dans lesquels je cherche comment a été conçue cette image, car essayer de la rendre directement dans un tableau c’est un supplice. En revanche, en faisant de petits dessins, cela avance plus vite, mais il faut en faire beaucoup, jusqu’au moment où je vois que c’est ressemblant, que je reconnais l’image ! Je peux alors me mettre à peindre un grand tableau. D’ailleurs, ces grands tableaux, je les réalise assez vite. Donc, si je n’arrive pas à faire plus de tableaux, ce n’est pas par fainéantise. Je fais des efforts !

Nul n’en doute ! Merci pour ce que vous avez déjà créé et pour ce qui nous attend encore. Vous êtes lié à la Suisse d’une façon particulière et depuis longtemps : c’est ici, à Zurich, en 1988, qu’a eu lieu votre première exposition personnelle, qui marque le début de votre carrière internationale. Vos œuvres sont plusieurs fois plus nombreuses dans les collections suisses, muséales et privées (à Berne, Bâle, Genève, Zurich), que dans tout l’espace postsoviétique. Lorsque vous entendez le mot « Suisse », quelle est l’image qui surgit devant vos yeux ?

La Suisse… (Il réfléchit.) Je ne sais pas… C’est ma deuxième patrie, je lui suis très reconnaissant et j’y viens toujours avec bonheur. J’ai essayé de la peindre, j’ai été très impressionné par le lac Léman, par la vue sur le lac depuis Lausanne, et ces cygnes, ces montagnes… Quelle beauté ! Mais je n’y arrive pas… Quant à l’image que j’en ai, c’est justement ce lac plus les montagnes.

Malgré votre amour pour la Suisse, vous préférez vivre à Paris, à la différence de tant de Russes célèbres ayant choisi le pays alpin…

Ni moi ni Natacha, ma femme, n’avons jamais envisagé de nous installer ici. Lorsque je suis allé en Suisse pour la première fois, c’était pour travailler, pas pour émigrer. D’ailleurs, personne ne m’a proposé d’y rester. On nous a invités en Allemagne, en France, mais nous avons d’abord choisi New York. Nous y avons vécu un an et demi, et nous avons alors compris que notre place était tout de même en Europe : nous nous sentions européens, et l’Amérique nous était étrangère. À l’époque Paris nous a semblé être la ville qui convenait le mieux.

Vous êtes une parfaite illustration de l’expression « Nul n’est prophète en son pays ». Vous y avez été reconnu, compris (par ceux qui le peuvent) et apprécié assez récemment, bien plus tard qu’en Occident. Et comme votre cas est hélas loin d’être unique, on peut parler de phénomène. Comment expliquez-vous cette « particularité de la mentalité russo-soviétique » ?

Oh, je n’en sais rien… Mais je ne suis pas persuadé que ce soit un phénomène typiquement russe, c’est propre aux gens en général et cela se manifeste dans d’autres cultures. Peut-être tout cela a-t-il un lien avec les particularités culturelles de chaque nation, mais je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Pour ce qui me concerne moi, cela venait du système soviétique, de l’idéologie soviétique, et non de la société russe.

(c) Eric Boulatov/Skopia

Êtes-vous fâché ?

Pas du tout, pourquoi l’être ? J’ai toujours été prêt à ne jamais pouvoir montrer ce que je faisais, à ne jamais pouvoir vivre de mon art. Ce qui est arrivé est un cadeau du destin, un véritable bonheur… C’est comme une deuxième vie : la première s’est terminée et la seconde a commencé.

Ces dernières années, vous êtes un invité de marque en Russie, vous faites partie du patrimoine national. À votre avis, est-ce véritablement une « Russie nouvelle » qui vous accueille, ou bien seules les enseignes ont changé, mais l’essence est la même ?

On ne peut pas dire que l’on ait changé l’enseigne mais pas l’essence. Tant que les frontières restent ouvertes et que nous pouvons circuler librement, cela n’a rien à voir avec le système soviétique. Généralement, ceux qui prétendent cela sont ceux qui ne l’ont pas connu. Or, moi, je me souviens encore des dernières années staliniennes. Ceux qui n’ont pas connu cette réalité-là peuvent encore nourrir des illusions et garder de tendres souvenirs du système soviétique ; moi, je ne les ai pas. Certes, il y a une menace nationaliste, il y a une menace de retour dans le passé, et c’est très inquiétant. Mais, comme je l’ai dit, tant que les frontières resteront ouvertes, il n’y aura pas de retour au système soviétique. D’un autre côté, ma dernière exposition au Manège [salle d’exposition à Moscou, ndlr] m’a montré à quel point les jeunes ont besoin d’art, comme ils y aspirent. Pour moi, ce fut une joie, je ne m’y attendais pas du tout. De jeunes artistes et des jeunes en général s’intéressaient à mon travail, me demandaient de faire des conférences, m’écoutaient attentivement. Cela m’a immensément surpris !

On entend beaucoup de discours sceptiques selon lesquels les jeunes n’auraient besoin de rien et que l’art aurait disparu… C’est faux ! Beaucoup de jeunes n’en ont pas besoin, sans doute, mais beaucoup en ont, eux, besoin, et je l’ai vu de mes yeux. Je m’intéresse au parcours de plusieurs jeunes artistes russes, j’ai mes sympathies et mes antipathies, bien entendu. Je reste en contact avec quelques-uns, et je regrette que mes séjours en Russie, trop courts, ne me permettent pas d’élargir ce cercle. De manière générale, je trouve que la vie culturelle en Russie est plus intéressante actuellement que, par exemple, à Paris.

Cela donne de l’espoir, n’est-ce pas ?

Bien sûr, car ces jeunes sont notre avenir. Grâce à eux, je ne peux partager entièrement le scepticisme avec lequel on considère la situation actuelle en Russie. Certes, cette situation est compliquée et le sentiment d’être entouré d’ennemis provoque le besoin de cohésion nationale autour du gouvernement, quel qu’il soit. C’est dans ce contexte, avec cette idée d’un entourage hostile, que le nationalisme redresse la tête à l’intérieur, un vilain nationalisme soviétique. Je pense que l’Europe commet une grosse erreur en se comportant ainsi qu’elle le fait vis-à-vis de la Russie. Ce sont précisément les contacts, les échanges qui peuvent faire évoluer les consciences et stimuler le développement de la démocratie, etc. Au contraire, rejeter la Russie provoque une hostilité naturelle en retour. C’est là que réside le danger.

Malgré la négation de tout ce qui est soviétique, vos œuvres, d’une certaine manière, sont un monument à cette époque, comme le montre, par exemple, votre représentation du label de qualité d’URSS. Pourquoi ? Vous n’arrivez pas à oublier ?

Les œuvres dont vous parlez ont été réalisées à l’époque soviétique. Depuis sa disparition, je n’ai pas repris ce thème. Je pense qu’il ne faut pas le faire. Je n’ai jamais voulu esthétiser ces années, seulement les exprimer. Si mes œuvres vivent et produisent une impression, c’est que j’ai exprimé cette époque, je l’ai saisie. Et si elle s’est arrêtée, alors c’est pour toujours. Si j’ai fait un tableau, il a défini son époque, lui a donné un nom. Et si cela n’a pas été fait, l’époque passera sans être identifiée, comme ce fut le cas de nos années 1990. Or, quelle époque unique et surprenante c’était ! Il n’y a jamais rien eu de pareil dans le passé, et cela ne reviendra plus ! Les jeunes artistes de cette époque, qui étaient tenus de la capter, me disaient : « C’était facile pour vous à l’époque soviétique, quand tout était clair ! » Mais qu’est-ce qui était clair ?! C’était précisément très difficile d’oser dire quelque chose de soi-même, dans sa langue propre, et de ne pas en avoir honte. Car nous avions tous honte : nous pensions que tout ce qui était bien appartenait au passé ou venait de l’étranger, tandis que chez nous, tout était médiocre – et la langue et la culture. Un véritable artiste se doit de ne pas prêter attention à cela, son regard doit être tourné vers l’éternité.

Que pensez-vous du rôle de la religion dans la société russe actuelle, et en particulier, des cas de plus en plus fréquents de groupes d’activistes orthodoxes exerçant des pressions sur le domaine culturel ?

Je considère que la position de l’Église en général n’est pas agréable du tout et qu’elle joue un vilain rôle dans le domaine culturel. L’État ne doit pas intervenir non plus dans ces affaires-là : s’il le fait, cela brouille les cartes. D’un autre côté, l’artiste doit aussi s’interdire toute incartade qui pourrait véritablement offenser les sentiments des croyants – telle est ma conviction intime. S’il n’aime pas le comportement de l’Église, il a le droit d’exprimer son opinion, mais il faut pour cela trouver un moyen convenable. Car la religion, la foi, ce sont des convictions dont on ne peut se moquer. Si un créateur veut dire quelque chose dans cette situation complexe et épineuse, il doit se comporter en artiste, ce qui veut dire trouver une forme artistique, une image qui exprime ses pensées et ses sentiments. Dans les arts plastiques, c’est l’image qui prime, la parole, l’interprétation sont toujours secondaires. Et si un artiste agit en tant que citoyen ou simplement en tant qu’homme vivant dans ce pays et qui, à ce titre, a le droit de s’exprimer, il doit assumer l’entière responsabilité civique de ses actes. Il ne doit pas venir crier, après coup, qu’on lui cloue le bec, il ne doit pas se cacher derrière l’art. Un acte civique doit être perçu comme tel.

(c) Eric Boulatov/Skopia

Mais où passe la frontière ? Nous connaissons tous le fameux vers de Nekrassov : « Tu peux ne pas être poète, mais tu dois être citoyen. » Que faire, quand tout est entremêlé ? Quelle est la ligne à ne pas franchir lorsqu’on exprime une position civique dans une œuvre artistique ?

Lorsqu’un artiste exprime sa position par le biais de l’art, c’est de l’art. Mais s’il fait un geste, une action qu’il déclare être artistique, c’est autre chose. Oui, la ligne de démarcation est difficile à sentir, parfois ambiguë, mais elle existe, et l’artiste ne peut pas ne pas en être conscient. En règle générale, la situation est souvent discutable quand un jeune artiste veut attirer l’attention – par tous les moyens ! Pour y parvenir, un scandale est ce qu’il y a de plus simple et de plus direct. Sachant pertinemment qu’il va provoquer un scandale, l’artiste fait une action en prétendant que c’est de l’art. C’est indécent, et la responsabilité de l’artiste est ici largement engagée. Bien sûr, l’État ne doit pas se mêler des affaires artistiques, mais il ne faut pas le provoquer délibérément, sinon, les torts sont partagés. Pour finir, quand cet artiste se retrouve persécuté, quand il est condamné, voire emprisonné, on est bien obligé de le défendre, même si on n’en a pas envie. Mais il le faut ! C’est pourquoi l’artiste n’a pas le droit de créer de telles situations.

Vous êtes également célèbre pour vos grandes œuvres graphiques, et ces derniers temps, de nouveaux sujets sont apparus dans vos créations : des fleurs, des paysages. Y a-t-il une explication à cela ?

Je travaille avec le matériel que la vie me donne. Et la vie change.

Vous voulez dire que vous avez récemment commencé à remarquer les fleurs et les petits ponts auxquels vous ne prêtiez pas attention auparavant, en créant des paysages que l’on pourrait qualifier de sociaux et en leur donnant des titres comme : Attention ! ou Ne pas s’adosser ! ?

C’est possible. Vous savez, j’adore Une petite cour à Moscou, le tableau de Polenov. C’est une œuvre charmante où Moscou est représentée comme un village. Moi, j’ai peint ma propre « cour à Moscou », c’est une cour d’aujourd’hui, entourée d’immeubles et remplie de voitures. La cour de notre immeuble moscovite. Il me semble que c’est réussi. Naturellement, ce tableau porte un autre message que celui de mon Danger !, car, justement, je n’y vois aucun danger. Par contre, j’ai un tableau intitulé Bonne année ! dans lequel je perçois un danger, que j’ai essayé d’exprimer, et qui existe aussi bien en Russie qu’en France : il y a le pressentiment d’une explosion. J’ai peint ce tableau la veille d’un attentat terroriste.

Il y a quelques années, j’ai travaillé à une œuvre intitulée Notre temps est venu, où j’essayais d’exprimer la situation russe actuelle, le passage d’une époque à l’autre. De sorte que, dans un sens, je poursuis ma ligne artistique, mais peut-être d’une autre façon.

Et puis, j’ai toujours eu envie de peindre un simple paysage russe. Jusque-là, je n’y arrivais pas. Mais ces derniers temps, j’ai enfin réussi, et j’en ai même fait plusieurs.

Quels sont les projets artistiques qui seront organisés pour votre anniversaire ?

En novembre, au centre Eltsine d’Ekaterinbourg, ma ville natale, se tiendra la première rétrospective de mes dessins – de toute ma vie. En avril 2019, une exposition dans la grande salle du Manège sera consacrée à mes œuvres des dernières années. Je sais également que quelques-unes seront présentées au prochain ArtBasel.

Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a le plus impressionné récemment ?

Il y a quelques années, je me suis retrouvé dans une usine métallurgique abandonnée dans les Pyrénées françaises qu’un riche Français essayait de transformer en centre culturel. Cet espace a m’a laissé une très forte impression, car il m’a semblé refléter ce qui se passe actuellement en Europe et dans le monde : d’une part, l’abandon, et d’autre part, le début de quelque chose de nouveau, qui porte un espoir.

Là-bas, avec l’artiste Andreï Molodkine, j’ai créé une œuvre de grandes dimensions, et qui est très importante pour moi. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé sur l’espace du tableau afin de l’ouvrir au spectateur, pour qu’il puisse y entrer, pour ainsi dire. Car qu’est-ce qu’un tableau ? C’est une surface plane à partir de laquelle nous construisons un espace imaginaire – soit vers l’intérieur, soit en direction du spectateur. Et j’ai eu l’idée de donner à cette surface une incarnation matérielle pour vérifier si elle pouvait tenir, s’il y avait un lien entre elle et l’espace, et plus généralement, pour savoir ce qui allait arriver.

L’année dernière, cette œuvre fut présentée à la Tate Modern, à Londres, ou, plus exactement, devant son entrée. Ce sont d’énormes lettres coulées en métal qui forment le mot VPERED (« En avant ! »), répétées sept fois et posées en cercle. Lorsqu’on se trouve au milieu du cercle, on perçoit une sorte de mouvement absurde autour de soi : on vous dit « En avant, en avant », mais vous vous retrouvez loin en arrière. C’est une course irrationnelle, en tournant en rond. J’étais curieux de voir ce que cela pouvait donner non pas sur la surface d’un tableau, mais dans l’espace d’une ville réelle. Les gens ont tout de suite commencé à « apprivoiser » ces lettres, surtout les enfants qui grimpaient dessus et se laissaient glisser pour redescendre. L’œuvre s’est remplie de vie.

Je continue à avancer dans cette direction, en créant des œuvres volumineuses qui reposent toujours sur une place centrale.

« Une course irrationnelle, en rond » : c’est comme cela que vous percevez notre vie contemporaine ?

Tout à fait. Pour l’instant, je ne vois aucun développement positif.

En regardant vos tableaux, on a le sentiment que vous peignez en regardant en arrière, mais en vous projetant dans l’avenir. Vous êtes un homme qui a vécu une longue vie et qui a connu beaucoup de changements. Quel est votre rapport au temps, à notre époque éphémère ?

C’est probablement mon âge qui parle. Par exemple, mon tableau Comment sais-je vers où ? Qu’est-ce que j’en sais, vers où ? Je ne sais pas, personne ne le sait. Je suis seulement intimement persuadé que là, derrière l’horizon, il y aura quelque chose, que rien n’est terminé avec la mort, mais qu’une chose nouvelle s’ouvrira et qu’elle sera essentielle.

 

PS L’exposition à la galerie Skopia présente quelques « classiques » d’Eric Boulatov mais aussi des oeuvres récents, crées pendant les deux dernières années. La porte est présente dans plusieurs parmi elles - la porte qui mène soit dans un petit jardin bien russe, ou dans le monde de Velasquez ou encore derrière l’horizon… Ouvrez les portes -jusqu'à 23 décembre.

02.11.2021
Abribus décoré d'une peinture murale basée sur la série américaine The Simpsons. L'inscription en ukrainien signifie: "Transformons ensemble la New York ukrainienne!" © Niels Ackermann / Lundi13

Dans quelques jours les États-Unis ouvriront leurs frontières aux Européens vaccinés. OK ! mais ce n’est pas à l’Ouest que je veux vous emmener aujourd’hui en suivant ce guide inattendu qui correspond si parfaitement à cette ville aussi inattendue qu’il décrit en texte et en photos (« New York, Ukraine. Guide d’une ville inattendue », paru aux Éditions Noir sur Blanc et disponible en librairie dès aujourd’hui). Donc pas à l’Ouest mais bien au contraire, à l’Est, à New York (ou, plus précisément, Niou-Iork) dans la région de Donetsk, à 4 km de la ligne de front, en plein cœur du conflit russo-ukrainien. Niou-Iork ressemble comme deux gouttes d’eau aux très nombreuses villes de province en Ukraine, Russie, Belarus… Faute d’Empire State Building, de Central Park et du Hudson, ses quelques douze mille habitants se contentent d’une Maison Unger, d’une usine de phénol et d’une petite rivière Kryviy Torets.

A quoi cette bourgade doit-elle l’honneur d’avoir été remarquée par un photographe suisse, Niels Ackermann, lauréat du Swiss Press Photo 2016, et son compère Sébastien Gobert, voyageur et journaliste ?  (Tous deux se sont installés en Ukraine depuis des années et ont co-signé Looking for Lenin, chez Noir sur Blanc, en 2017) ? Réponse :  à son nom, évidemment. Car son histoire mérite, effectivement, d’être racontée.

Les lecteurs réguliers de ce blog se souviennent peut-être que, dans les années 1760, beaucoup d’Allemands avaient quitté leur terre natale pour se rendre en Russie où Catherine la Grande leur promettait des terres fertiles russes et son patronat impérial. Ce sont ces colons allemands, et plus précisément les mennonites, qui ont créé cette petite ville et l’ont appelée New York – ce nom si étranger a été préservé, contre vents et marées, pendant plus de deux siècles. Jusqu’en 1951, quand il a été remplacé par un nom plus politiquement correct et plus phonétiquement acceptable : Novhorodske – traduction littérale de « nouvelle ville » en ukrainien.

Le temps a passé, l’Union soviétique n’est plus, l’Ukraine est devenue indépendante… Le conflit armé entre l’Ukraine et la Russie a éclaté en 2014. Peu après une loi a été adoptée dite de la « décommunisation » - visant entre autres à rendre leur nom d’origine aux villes ukrainiennes. C’est alors que certains des habitants de Novhorodske décidèrent de redevenir newyorkais. Pas tous - certains estimant qu’il y avait d’autres préoccupations bien plus urgentes, et d’autres ne souhaitant pas être transportés soudainement en Amérique.

Sébastien Gobert a été le premier à avoir visité Novhorodske, en 2017. « Il en était rentré les yeux pleins d’étoiles », - se souvient Niels Ackermann, qui a refait le voyage, une année plus tard. Obtenir ce changement de nom leur paraissait très aléatoire et peu probable mais ils avaient été touchés par l’énergie des habitants et leur enthousiasme. L’idée de réaliser un guide original s’imposa alors avec force en eux. Sébastien se mit à écrire les textes, et Niels – à photographier abondamment alentour.  Le livre contient plus de 80 photographies.

Mais ! Le 3 février 2021 le Comité du parlement ukrainien sur l'organisation du pouvoir de l'État, l'autonomie locale, le développement régional et l'urbanisme a approuvé, par 18 voix contre 1, la demande de changement de nom de la localité en New York , soumise par l'administration locale. C’était un grand pas, mais la route bureaucratique paraissait encore bien longue.

« Le 1er juillet 2021 nous sommes arrivés à Novhorodske pour continuer notre travail, - me raconte Niels Ackermann. – Nous étions en train de parler avec Tetyana Krasko, une des initiatrices du projet du changement du nom de la ville lorsqu’un message s’annonça sur son téléphone portable. Incrédule, elle se mit à le lire à haute voix pour nous : « ce jour-même, le parlement ukrainien a formellement rendu à la ville son nom d'origine, Niu-York. C’est ainsi que Sébastien et moi, étant arrivés le matin dans une ville, avons fini la journée dans une autre sans avoir effectué le moindre déplacement. »

Ce n’est pas demain qu’une nouvelle destination « New York, Ukraine » surgira sur les sites tels Booking.com. Mais le guide existe déjà pour vous raconter l’histoire, la géographie, vous conseiller où manger, où sortir, où dormir… Ce dernier point est un peu problématique car il n’y pas d’hôtel à New York, ni dans les 20 km autour. Du moins, pour l’instant. En revanche,  il y a un « hub » où des hôtes très accueillants vous proposeront un lit.

Ce livre vous fera rire et peut-être même pleurer.  En tout cas, il vous forcera à admirer ces modestes et touchants nouveaux new-yorkais qui, dans des conditions parfois insupportables, ne baissent pas les bras et ne perdent pas l’espoir.

Venez à leur rencontre le 4 novembre, dès 18 h, à la galerie Large Kiosque (18 rue Philippe-Plantamour, 1201 Genève) et dans les librairies.

18.10.2021
Dmitry Mouratov (Wikipedia)

La seule et brève mention de l’attribution du Prix Nobel de la Paix au journaliste russe Dmitri Mouratov a provoqué une avalanche de « likes » sur la page Facebook de Nasha Gazeta, ainsi qu’un vif échange d’opinions.

Le Comité norvégien à Oslo venait, en effet, d’annoncer, le 8 octobre dernier, les nouveaux lauréats du Prix Nobel de la paix – le plus politisé et le plus souvent contesté des cinq prix établis selon le testament d’Alfred Nobel, rédigé par ce chimiste et philanthrope suédois à Paris, le 27 novembre 1895. Dans son Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Stefan Zweig affirme que c’est Bertha von Suttner qui aurait influencé la fondation de ce prix en convainquant Alfred Nobel de réparer « le mal qu'il avait causé avec sa dynamite ».

Henri Dunant, que vous connaissez tous, fut le premier à recevoir le Prix Nobel de la paix, en 1901. Le premier journaliste à le mériter fut l’allemand Carl von Ossietzky, pour sa lutte contre le réarmement de l’Allemagne, en 1935. Cette année, le prix a récompensé deux journalistes, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dmitri Mouratov, pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression » menacée par la répression, la censure, la propagande et la désinformation. Mouratov est le troisième Russe à recevoir ce prix– après l’académicien Andreï Sakharov et le président Mikhaïl Gorbatchev (les deux étant moyennement appréciés par l’opinion publique russe).

En principe, Nasha Gazeta ne couvre que l’actualité qui concerne la Suisse ou les relations entre la Suisse et l’espace postsoviétique. Mais puisque le prix a été attribué à nos collègues, et notamment  à un collègue russe, nous avons pensé bien faire en relayant la nouvelle – très brièvement, juste pour marquer le coup et féliciter M. Mouratov, l’un des cofondateurs et rédacteur en chef du périodique Novaïa  Gazeta, l’une des rares publications encore indépendantes en Russie. Le retour a été inattendu : plus de 31 000 personnes touchées sur notre page Facebook, plus de 500 « likes » - un record absolu. Mais les commentaires laissés par nos lecteurs tant en Suisse qu’en Russie, nous ont appris qu’un  1212 ne signifie pas forcément un accord.

La réaction de mes compatriotes à cette nouvelle est comparable à celle que j’avais observée en 2015, quand Svetlana Alexievitch, une écrivaine bélarusse russophone reçut le Prix Nobel de littérature. En ce qui concerne Mouratov, certains, aussi, s’en réjouissaient, d’autres, nombreux et agressifs, critiquaient autant le lauréat que le prix lui-même en l’accusant «d’avoir  perdu toute valeur ». Une dame ayant même affirmé qu’«un vrai pacifiste aurait refusé ce prix pour ne pas ternir sa réputation ».

Mais Dmitri Mouratov ne l’a pas refusé !  Il l’a dédié à ses trois amis et collègues tués en raison de leur activité professionnelle : Anna Politkovskaïa, la plus connue à l’Ouest grâce à sa couverture de la guerre en Tchétchénie, tuée en 2006 ; Yuri Schekotchikhin, disparu en 2003 après avoir mené un enquête sur la corruption au sein du pouvoir russe ; et Igor Domnikov, tué en 2000 par une bande criminelle moscovite. Aucun responsable de ces meurtres n’a jamais été trouvé.

A mes yeux, le simple fait qu’en dépit de tout Dmitri Mouratov n’a ni changé de métier, ni modifié sa position et continue à dénoncer, selon le communiqué du Comité d’Oslo, « la corruption, les violences policières, les arrestations illégales, la fraude électorale et les fermes de trolls” », justifie le prix attribué pour son courage. Car du courage il lui en faut.

Il y a plusieurs manières d’exercer le métier de journaliste, et Dmitri a choisi la manière la plus dure, risquée et ingrate – je suis persuadée qu’il s’attendait davantage à un « accident » qu’au Prix Nobel. Et je suis heureuse que son courage et son professionnalisme aient été appréciés et récompensés. Quant aux mécontents, surtout parmi les journalistes « officiels » russes, ils ne font que leur job – à leur manière, justement.

Pour finir, j’aimerais vous raconter une histoire qui paraît anecdotique aujourd’hui. En 2012 le site de Nasha Gazeta a été hacké et pratiquement détruit. J’étais convaincue que le travail de cinq ans avait disparu. Mais j’ai trouvé des spécialistes et, moyennant une perte colossale de nerfs, le site a ressuscité. J’avais cru que c’est un article sur les malheurs des habitants de Sotchi à la veille des Jeux Olympique qui avait causé cette attaque. Par curiosité, une fois le site rétabli, j’ai tout de même pu consulter mes contacts fiables en Russie. La réponse s’est révélée étonnante de simplicité : quelqu’un dans les hautes sphères russes avait simplement confondu Novaïa Gazeta et Nasha Gazeta – NG par là… NG par ici…. « Innocentés », certes, mais le sentiment d’avoir reçu un compliment reste et la politique éditoriale de mon modeste journal demeure inchangée, elle aussi.

En guise de conclusion : le 15 octobre deux nouveaux médias en ligne ont été déclarés vendredi « agents de l'étranger » par le gouvernement russe : le portail d'informations en ligne Rosbalt.ru et le site internet spécialisé dans des analyses de l'actualité Republic. Ce dernier appartient à Natalia Sindeeva, propriétaire d’une très populaire chaine de TV « Dozhd » (la Pluie), déjà déclarée « agent de l’étranger » auparavant.

10.10.2021
Photo (c) N. Sikorsky
L’exposition que la Fondation Beyeler à Bâle consacre, dès aujourdhui, à Francisco Goya à l’occasion du 275e anniversaire de sa naissance est remarquable avant tout de par le côté rarissime de l’événement. Les Suisses n’ont eu que deux fois durant le siècle dernier l’occasion d’admirer les créations de ce natif de Fuendetodos, près de Saragosse. La première, pendant la Guerre civile en Espagne, quand, avec d’autres chefs-d’œuvre du Museo national del Prado, elles ont été exposées au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, en 1939. La deuxième, c’était en 1953, au Kunsthaus de Zurich.  Rien d’étonnant donc que l’intérêt suscité par cette nouvelle exposition, retardée d’une année à cause du Covid, soit immense. L’équipe de la Fondation Beyeler a de quoi être fière – c’est son plus grand projet, selon le directeur Sam Keller, le résultat de dix ans de travail dont la partie non-négligeable consistait à convaincre les collectionneurs privés de se séparer, pour plusieurs mois, de leurs trésors. Rien de russe dans cette exposition – les trois tableaux de Goya que la Russie possède n’y sont pas. Et pourtant j’ai décidé de vous en parler car, premièrement, c’est un de mes peintres préférés et puis, c’est en russe que ma première vraie rencontre avec lui a eu lieu : les quelques images vues dans les livres d’art m’ont laissée indifférente, mais le monde magique de Goya s’est ouvert devant moi quand, étudiante, j’ai lu Le Roman de Goya de Lion Feuchtwanger, traduit en russe. Cet auteur allemand, d’origine juive, dont les livres ont été brulés par les nazis, était très populaire en Union Soviétique à l’époque – pratiquement chaque famille de l’intelligentsia possédait les six volumes de ses œuvres dans sa bibliothèque. Y compris la mienne. Ces six volumes m’ont suivie de Moscou à Paris, de Paris à Genève… J’ai donc lu ce roman qui ne couvre que 13 ans de la longue vie de l’artiste, mais alors quels 13 ans ! Je l’ai lu une fois. Deux fois. Trois fois. Il y a des livres comme ça – à peine arrivé au bout vous avez envie de tout recommencer. J’étais comme hypnotisée par toutes ces majas et brujas, tous ces Reyos et toros, si étrangers à la réalité soviétique. Mais lui, en revanche, Francisco, le peintre de la cour, obligé de jouer le jeu pour vivre et en rébellion contre tous les dogmes imposés par cette même cour, lui alors, je le comprenais parfaitement et faisais aisément les parallèles entre l’Inquisition et le KGB. Son âme sensible et torturée, hantée par les images de cauchemars nocturnes, me paraissait tellement russe, à en croire que Goya était un personnage de Dostoïevski. Capturer un rêve, même un rêve cauchemardesque, et le rendre matériel à travers la musique, les paroles, l’image – c’est un talent rare. Rêver de voir ses tableau « live » était aussi naïf à l’époque que de rêver d’aller sur la Lune. Mais les temps ont changé, le rideau de fer est tombé, je suis partie pour Paris, et un beau jour un ami espagnol m’invita à Madrid. Nous sommes allés au Prado, évidemment. Et ils étaient tous là, ils m’attendaient. Pepita me regardait droit dans les yeux, Caetana m’envoyait un sourire complice, et Maria Luisa, la femme de Charles IV, m’attristait – elle était vraiment moche, la pauvre, et Goya ne lui avait guère fait de cadeau… C’est avec ce souvenir ému que je suis allée au preview de l’exposition de Goya à Bâle, bien qu’il ait fallu se lever à 5.30. Croyez-moi je ne l’ai pas regretté. Je vous incite à y aller aussi, mais suivez mon conseil, lisez d’abord Feuchtwanger et votre expérience en sera d’autant enrichie. D’autant plus que vous avez le temps – l’exposition sera ouverte jusqu’en janvier prochain. Bonne visite ! PS Comme d'habitude, je remercie Mme Marina Troyanov pour la relecture de mes textes.    
17.09.2021
Un échantillon de la collection d'Alexandre Vassiliev (Photo NashaGazeta)

Le Musée d’Art et d’Histoire de Genève est (en permanence sens dessus dessous depuis des années). Une récente série d’articles dans Le Temps nous invitait à découvrir les coulisses de cette prestigieuse institution genevoise. Les coulisses qui n’ont rien de l’image de sa façade majestueuse.

La nouvelle exposition au MAH a comme thème principal l’image de soi-même que les gens cherchent justement, depuis des siècles, à créer et à afficher. Tout en préservant « les coulisses » des regards indiscrets de la « galerie », c’est à dire du public, des spectateurs, de vous et de moi.

Cette exposition est fortement imprégnée d’âme russe – elle est conçue par Lada Umstätter, diplômée de l’Université de Moscou et actuelle conservatrice en cheffe du musée genevois et, est réalisée avec la collaboration d’Alexandre Vassiliev, un grand spécialiste russe de la mode, dont la collection privée compte plusieurs milliers de costumes et objets de la mode de différentes époques – du 18 siècle à nos jours. Cette collection a été lancé à Paris, où M. Vassiliev a émigré en 1982. N’en concluez pas qu’il est opposé au pouvoir russe – il anime même « Le verdict de mode », une émission très populaire de la chaîne nationale. Mais sa collection se trouve en Lituanie, au sein de l’espace européen – une petite municipalité lui ayant offert un grand espace gratuit alors que les Russes témoignaient fort peu d’intérêt à ses trésors.   

Alexandre Vassiliev présente une robe créee par Pierre Cardin pour Maïa Plissetskaïa (Photo NashaGazeta)

Peut-être moins connu en Suisse qu’en Russie, M. Vassiliev n’est pourtant pas un inconnu ici non plus – fin des années 1980 il a séjourné à Genève, en tant qu’habilleur en chef, pendant le tournage de « Mangeclous » avec Pierre Richard, puis il a travaillé en collaboration, en 1989-1991, avec le Théâtre de la Ville à Lucerne.

Quant aux expositions avec l’apport, pour ainsi dire, des costumes de sa collection, celle de Genève est sa troisième en Suisse (la septième dans le monde pendant ce mois de septembre seulement et la 226ème en tout !). La première a eu lieu à Lugano, à la Villa Favorita du baron Thyssen-Bornemisza, la deuxième – en 2016, au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds qui présentait, sous la direction de Lada Umstätter également, une exposition consacrée à la vie quotidienne dans l’Union soviétique poststalinienne.

Admirez cette robe brodée en scarabées... (Photo NashaGazeta)

Le concept de l’exposition genevoise ne saurait être qualifié de novateur – les dialogues entre objets sont à la mode dans la pratique muséale depuis un bon moment. Mais, comme dans les conversations réelles, la qualité du dialogue dépend des participants. Et cette fois ils sont d’un très haut niveau : les sublimes portraits de la collection du MAH flirtent avec des  robes somptueuses (dont celles de la grande ballerine russe Maïa Plissetskaïa ou de l’étoile hollywoodienne Leslie Caron, par exemple).

Le siècle dernier encore rares étaient ceux pouvant se permettre de commander leur portrait à un peintre. Aujourd’hui tout un chacun peut s’immortaliser lui-même ou immortaliser une connaissance grâce à une photo prise avec un téléphone. Quant aux vêtements, le proverbe anglais clothes do not make a man est bien hypocrite car nous le savons tous – they do. Depuis toujours les codes vestimentaires servaient d’indicateur majeur d’appartenance à une certaine couche de la société, et la notion du « dress code » reste très actuelle aujourd’hui encore. Finalement que chacun décide pour soi sa manière de s’habiller – certains préfèrent se mélanger à la foule, d’autre font tout pour s’en distinguer.

Dans les coulisses de l'exposition se passe... une interview

Je recommande vivement cette exposition à tous ceux – et surtout celles – qui s’intéressent à la mode et à son évolution au cours des siècles, elle restera au MAH jusqu’à 24 novembre.

A PROPOS DE CE BLOG

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou, où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’Ètat de Moscou. Après 13 ans au sein de l’Unesco à Paris puis à Genève, et exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale, fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, quotidien russophone en ligne.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels – le Forum des 100.

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