Le 18 novembre 2024, La Patrie, film réalisé par Alexandre Arkhangelski et Tatiana Sorokina, était projeté à l'Université de Genève. Et aujourd'hui, en ce jour de Noël orthodoxe, j’accueille son personnage principal – le Père Ioann.
J’espère que la plupart d’entre vous ont déjà vu ce film, ou tout au moins lu ma chronique réalisée sur ce sujet. Mais au cas où, je rappelle que mon interlocuteur de ce jour est né en Sardaigne et s'appelait alors Giovanni Guaita. Âgé de 18 ans, il partait pour la Suisse où il apprenait le russe, puis pour la Russie où, dans les années 1980, il rencontrait le père Alexandre Men – un homme qui eut sur lui une influence telle que Giovanni Guaita décidait de demeurer dans ce pays. Le 28 mars 2010, il était ordonné diacre par le métropolite Hilarion (Alfeyev), ceci en l'église des Douleurs sur Ordynka à Moscou. Le 31 octobre 2010, il recevait la tonsure monastique au sein de la cathédrale de la Trinité de la Laure de la Trinité-Sergius. Le moine nouvellement tonsuré recevait le nom de Ioann en l'honneur du Saint Prophète et Précurseur Ioann (lors de son baptême, lui recevait le nom de Jean le Théologien). Le 30 mai 2014, il était fait prêtre de l'église des saints martyrs Cosmas et Damian à Shubin, Moscou. Le père Ioann commença à attirer sur lui l'attention lorsque, le 27 juillet 2019, il décidait d’aider les manifestants de la rue Tverskaïa qui s'étaient réfugiés dans la cour de l'église et servait un bref service de prière pour la paix. Le 18 septembre de la même année, il signait une lettre paraphée par différents prêtres défendant les personnes impliquées dans l’« affaire de Moscou ».
Père Ioann, lors de la projection à Genève du film La Patrie, il y avait beaucoup de monde ; nous avons dû apporter des chaises des salles de classe voisines. Chacun était très impatient de vous voir, d'autant que Genève n'est pas pour vous une ville étrangère. Toutes ces personnes s'intéressaient à votre sort. Qu'est-ce qui vous a empêché de venir ?
Malheureusement, je ne pouvais pas ce jour-là. C'était un lundi. Il y a des offices le samedi et le dimanche. Bref, je n'ai pas pu m'organiser, ce que je regrette sincèrement aujourd'hui.
Votre absence à la projection du film n'est donc pas liée au fait que le 1er novembre 2024, Alexandre Arkhangelski a été déclaré agent étranger par le ministère de Justice russe?
Non, ce n'est pas le cas. Je respecte et j'aime Sasha Arkhangelski. Et je continuerai à le faire.
En préparant cet entretien, j'ai découvert qu'avant de vous consacrer à la religion, vous avez étudié à l’Institut d’études cinématographiques de Moscou et rédigé votre thèse de diplôme sur Andreï Tarkovski. Pourquoi sur lui – et comment percevez-vous aujourd'hui son film phare, Nostalgia, tourné dans votre Italie natale ?
J'ai en effet écrit ma thèse au VGIK, mais je l'ai soutenue à l'Université de Genève. Elle portait sur l'analyse littéraire des scénarios, et Tarkovski m'intéressait avant tout du point de vue du symbolisme religieux à l’œuvre dans ses films. Il y en a beaucoup dans tous ses films. L'idée principale de mon travail était que l'intrigue des films de Tarkovski semble se répéter de réalisation en réalisation. On peut presque dire qu'il a fait un seul film, car les sept films sont, en quelque sorte, des variations sur le même thème. Et ce thème est proche de celui auquel notre film, La Patrie, est consacré : la recherche d'une patrie. Pas seulement dans Nostalgia, où cela est évident : un intellectuel russe en Italie qui cherche toujours à retourner en Russie, la Russie spirituelle. Il ne faut pas oublier que ce film a été réalisé à la fin de l'ère soviétique et précisément au moment où Tarkovski décidait d'émigrer.
Exactement ! C'est pourquoi ce film est aujourd’hui perçu de manière si particulière par ceux qui ont été confrontés à un choix similaire !
C'est vrai, c'est vrai. Je dois dire qu'il s'agit d'une recherche très sérieuse et profonde, non pas d'un pays matériel, mais d'un lien spirituel avec la Russie. Il me semble que tous les films de Tarkovski parlent d'une recherche profonde de la patrie à l'intérieur de soi. Et cette recherche est très cohérente, à commencer par le premier film, Ivanovo Detstvo (L’Enfance d’Ivan), où la recherche de la patrie signifie la recherche de l'enfance par un enfant. Ce doux enfant a perdu son enfance et se retrouve dans le monde dur des adultes, des soldats – presque exclusivement des hommes. Il n'y a que quelques femmes qui sont aussi perdues que l'enfant. Il retrouve son enfance perdue pratiquement après sa mort, dans les dernières images du film.
Je ne pense pas que votre accord de participer au film d'Alexandre Arkhangelski s’explique uniquement par votre amour du cinéma. Il y avait sûrement d'autres raisons ?
Oui, bien sûr. Le thème abordé dans le film résonne dans ma vie personnelle. Comme vous le savez, je suis sarde de naissance, mais ma famille parlait italien, et je ne connais donc pas très bien ma langue maternelle – le sarde. Comme pour tout Italien, la question de la petite et de la grande patrie, de ce qui prévaut, est essentielle pour moi. Et puis j'ai quitté ma terre natale à l'âge de 18 ans, j'ai étudié en Suisse, j'ai vécu en Russie pendant près de 40 ans, j'ai aussi fait des recherches sur l'histoire d'un autre pays, l'Arménie, et maintenant je vis à Paris... Je pense que le réalisateur a utilisé mon destin comme une sorte de métaphore pour réfléchir à ce qu'est une patrie. Je suis en train d'écrire un livre sur ce que signifie être un étranger, un migrant, un réfugié. Il s'intitulera Le Seigneur protège l’étranger. (Psaumes 145:9).
Avez-vous eu des problèmes après la sortie du film La Patrie ?
Non, aucun.
Vous avez condamné l'invasion massive de l'Ukraine par les troupes russes. Dans un entretien avec Katerina Gordeeva publié en octobre 2022, vous avez déclaré : « Je ne soutiens pas, je condamne ce qui se passe depuis six mois en Ukraine, je considère que c'est une très grosse erreur ». Et à la question de savoir pourquoi vous restez en Russie, vous avez répondu : « Tant que je serai toléré ici, je n'ai pas l'intention de partir ». Toutefois, le 7 février 2024, vous avez déclaré que vous partiez pour servir dans l'église de la Transfiguration du Seigneur, à Estepona, dans la province espagnole de Malaga, en précisant que « personne ne m'a puni, personne ne m'a exilé nulle part ». Comme vous le savez, les Russes ont l'habitude de lire entre les lignes. Que s'est-il donc réellement passé ? Vous n'étiez plus toléré en Russie ?
Vous savez, jusqu'à présent, je n'ai reçu aucune punition ni aucune plainte ou réclamation de la part du clergé ou des agences gouvernementales. Mais la situation est vraiment difficile, et ceci au niveau mondial. Dans une situation aussi complexe, chacun d'entre nous doit d'abord déterminer sa propre position, puis comprendre ce qu'il peut et ne peut pas faire. Je n'avais vraiment pas l'intention de quitter la Russie, mais la vie se charge de faire ses propres ajustements, et mon départ a été influencé par diverses raisons et considérations – y compris personnelles. Mon père a 96 ans et je me réjouis de toute occasion de communiquer avec lui ; d'être proche de lui. C'est pourquoi j'avais depuis longtemps demandé au Patriarche de me donner la possibilité de servir dans un lieu plus proche de mon père… ce qui m'a été immédiatement accordé. Pendant un an, j'ai fait des allers-retours jusqu'à ce que j'aie l'occasion de servir dans le sud de l'Espagne, où je me suis installé, pensant que ce serait mon lieu de service pour longtemps.
Mais ce n'est pas ce qui s'est passé...
Exact. L'endroit est merveilleux, et on y trouve un temple, construit par une famille russe… et qui plus est propriété privée de cette famille. Au bout d'un certain temps, ces personnes n'ont plus voulu que je serve dans ce temple. Je ne sais trop pour quelles raisons je ne leur convenais pas ; nul ne m'en a informé. L'opinion des paroissiens, pour autant que je sache, n'intéressait personne. Le droit de propriété privée a prévalu. Bien sûr, cette situation donne à réfléchir sur l'idée que l'on se fait d'un prêtre. Le prêtre est en effet un serviteur, mais un serviteur de Dieu. Apparemment, certains le considèrent comme une sorte de domestique.
Vous conviendrez que cela en dit long sur la manière dont certains envisagent aujourd'hui la relation avec l'Église dans son ensemble...
Absolument, mais cela me dépasse.
Quoi qu'il en soit, le 25 juillet 2024, par décision du Saint-Synode de l'Église orthodoxe russe, vous avez été mis à la disposition de l'Exarque patriarcal d'Europe occidentale et, le 19 novembre, par décret de l'Exarque patriarcal – c'est-à-dire du métropolite Nestor de Korsun et d'Europe occidentale –, vous avez été intégré au personnel du clergé de la cathédrale de la Sainte-Trinité à Paris. Comment doit-on considérer ce nouveau poste dans le cadre de votre carrière : une promotion ? une rétrogradation ?
(rires) Vous savez, je ne vois pas du tout mon service comme une carrière. Je ne suis plus un jeune homme, et ce serait là naïf. Penser à une carrière pour un prêtre serait une contradiction. C'est du moins ce que j'ai toujours pensé et ce que je pense encore. Bien sûr, il y a d'autres exemples : certains frères – surtout des moines – font carrière, mais tel n'est pas mon cas, simplement parce que je suis réaliste : d'abord, l'âge n'est pas bon, et ensuite, je n’ai pas le bon passeport.
Une personne extérieure qui observe votre trajectoire ne peut que se demander comment vous faites pour vous en sortir. Ce n'est un secret pour personne qu'un certain nombre d'ecclésiastiques russes ont déjà été punis pour avoir condamné la guerre sous une forme beaucoup moins explicite que la vôtre, et ce n'est pas en les transférant pour travailler en Europe ! Que pensez-vous, par exemple, du fait que le clerc de l'église de la Protection de la Très Sainte Mère de Dieu à Moscou, Dimitri Safronov, ait été privé du droit de porter une soutane et une croix par décret du patriarche Kirill et envoyé à l'église de Saint-Pimen le Grand en tant que psalmiste pendant trois ans – cette punition lui ayant été infligée pour avoir participé au service funèbre d'Alexeï Navalny. Quel commandement a-t-il violé en célébrant les funérailles d'un homme orthodoxe décédé?
Je ne connais pas les détails de cette histoire, je ne vais donc pas juger ce cas particulier. Mais, bien sûr, beaucoup de choses qui se passent dans l'Église aujourd'hui suscitent la peur, la tristesse et la honte. Quant à moi, oui : j'ai exprimé mon opinion sincère, simplement en tant qu'être humain, en tant que citoyen, et je crois que tout ministre de l'Église a le droit de le faire. D'ailleurs, un prêtre – comme toute autre personne – n'a pas seulement le droit, mais le devoir d’agir selon sa conscience, et personne n'a jamais annulé ce fait. Et puis... Comme je l'ai dit, je n'ai pas eu d'ennuis jusqu'à présent et j'espère que je n'en aurai plus.
Peut-être ignorez-vous que, dès son ouverture en 2016, le Centre culturel et spirituel russe de Paris, dont fait partie la cathédrale où vous officiez actuellement, était surnommé « le bunker aux coupoles » – ce qui soulignait la fusion des autorités de l'État russe et du FSB avec l'Église. Certains Parisiens l'appellent Notre Dame de Poutine, d'autres Notre Dame du KGB... Avez-vous un sentiment de malaise dans cette église ?
Je dois dire que le site destiné à la construction de l'ensemble a été choisi en plein centre de Paris, sur le quai Branly. Il est de petite taille et ressemble à la forme d’un L, c'est-à-dire étroit et long. Je me demande même comment les architectes ont réussi à construire tout cela ici. Je pense que la forme du terrain a dicté la décision de construire non pas un, mais plusieurs bâtiments - longs et minces. Plus un temple. D'un point de vue esthétique, le résultat peut plaire à certaines personnes et pas à d'autres : un long mur aveugle peut ressembler à la plus haute clôture derrière laquelle on peut apercevoir les dômes. Personnellement, je n'aime pas trop ça.
Pour le reste, ce temple fonctionne comme n'importe quel autre temple de l'Église orthodoxe russe.
Dans le film La Patrie, vous parlez franchement du fait que l'Église orthodoxe russe a déçu de nombreux croyants. Vous évoquez la responsabilité personnelle, y compris la responsabilité du silence ; de l'absence de condamnation. Après la sortie du film, le patriarche Kirill de Moscou et de toutes les Russies a publié un livre intitulé Pour la Sainte Russie : Patriotisme et Foi, dans lequel il déclare que l'Église devrait être « mobilisée » avec les forces militaires et politiques de la Russie. Je ne vous cache pas que le fait que vous continuez à travailler pour l'Église orthodoxe russe est perçue par beaucoup comme une façon d’être au service de deux maîtres – si l'on se souvient de votre compatriote Carlo Goldoni ! – ou, pour dire les choses plus crûment, comme être au service à la fois du Dieu et du Satan. Que répondez-vous à cela ?
Je dirais que mon comportement montre que je ne le pense pas. Il n'y a qu'une seule boussole dans la vie, c'est la conscience, et c'est elle qui doit nous guider. La conscience nous montre le chemin. Jusqu'à présent, cette boussole non seulement ne m'indique pas de contradiction, mais au contraire, elle me montre que ma place en ce moment et dans cette situation est ici. Peut-être est-ce précisément parce que la situation n'est pas simple. Un prêtre doit être là pour les gens, là où c'est plus difficile. Oui, l'Église a déçu beaucoup de gens. Mais, hélas, cela arrive souvent, car nous sommes tous des êtres humains, y compris le clergé. Eux aussi se déçoivent eux-mêmes et déçoivent ceux qui les entourent. Je crains de décevoir beaucoup de gens chaque jour. Mais si je sentais que mon ministère dans une congrégation particulière était contraire à mon engagement envers le Christ, je quitterais cette congrégation.
Comme tout prêtre, je sers Dieu tout en servant une congrégation particulière, qui peut traverser des périodes plus ou moins bonnes et être représentée par des supérieurs plus ou moins bons. Il en a toujours été ainsi, depuis le début de l'Église, et il suffit de lire les Actes des Apôtres pour s'en convaincre. D'ailleurs, l'une des premières hérésies que l'Église a condamnée est celle qui consiste à considérer l'Église comme une communauté de personnes en soi irréprochables et saintes. En fait, l'Église est une communauté de personnes qui veulent tendre vers la perfection mais qui, très souvent, en sont encore loin.
Dieu a donné à l'homme le libre arbitre, la liberté de choix. Beaucoup de fidèles sont aujourd'hui désemparés, déchirés entre leur habitude de croire la parole de l'Église, qui bénit aujourd'hui la guerre, et la voix de leur propre conscience qui crie contre le meurtre. Ne pensez-vous pas qu'en continuant de servir dans l'Église orthodoxe russe qui représente le Patriarcat de Moscou, vous, un homme à qui s’offre le choix tout simplement grâce à un passeport italien, avez fait un choix qui semble erroné pour beaucoup de gens ?
Je comprends ce que vous dites. Permettez-moi de vous donner deux exemples. Un homme qui a joué un rôle très important dans ma vie est le père Alexandre Men. Il a été élevé dans l'Église des catacombes. [Église des catacombes - un nom collectif pour les représentants du clergé orthodoxe russe, les laïcs, les communautés, les monastères, les fraternités, etc. qui, depuis les années 1920, pour diverses raisons, se sont retrouvés dans une situation illégale. - Note N.S.] Pour autant, il a continué à accepter l'ordination dans l'Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou et a cru que sa place était là : dans les années 1960-1980, cela lui a donné beaucoup plus d'opportunités, qu'il a utilisées tout à fait consciemment. On sait qu'il a eu beaucoup d'ennuis, notamment des interrogatoires à la Loubianka [le siège du KGB – N.S.], etc. Néanmoins, il est resté dans l'Église et a refusé la possibilité qui lui était offerte d'émigrer.
Un autre exemple est celui du père Anthony Surozhsky, l'un des plus brillants représentants – à mon avis – de l'orthodoxie au XXe siècle. Comme moi, il a toujours eu un passeport étranger en poche. Et toute sa vie, il est resté membre du clergé de l'Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou. Lorsque, vivant à Paris, il s'est tourné vers Dieu, il a trouvé la seule église du patriarcat de Moscou qui existait dans cette ville et a commencé à s'y rendre. Je suis sûr qu’il ne poursuivait aucun objectif carriériste ! On lui a souvent demandé pourquoi il n'avait pas préféré l’Église russe à l’étranger, qui était en opposition avec les autorités moscovites, ou pourquoi il n'avait pas profité des nombreuses autres opportunités qui existaient, par exemple, au sein du Patriarcat de Constantinople. Je pense que son choix était le bon, car malgré les conditions difficiles, il a pu faire beaucoup, beaucoup de choses.
Mon choix n'est donc pas si original. Vous avez cité Goldoni comme exemple, et c'est un bon exemple. Qu'un prêtre « serve deux maîtres » est une citation directe de l'Évangile. Ce n'est en aucun cas acceptable. Si soudain mon appartenance à une communauté humaine signifiait une telle trahison devant ma conscience – c'est-à-dire servir deux maîtres –, je quitterai cette communauté au même moment.
Dans le film La Patrie, vous comparez l'Église à une mère malade que vous ne pouvez pas quitter. En d'autres termes, vous admettez que l'Église russe orthodoxe est malade. Dans ce cas, quel diagnostic portez-vous sur elle, et quels sont les possible traitements de sa maladie ?
(rires) Bonne question, même s'il m'est difficile d'y répondre. Je ne sais pas quel est le diagnostic. Mais je sais que le seul remède est de vivre l'Évangile, ce que tout chrétien devrait être en mesure de comprendre. Dans les dernières années de la vie de ma mère, je n'avais qu'un seul rêve : être à ses côtés au moment de sa mort. Malheureusement, cela n'a pas fonctionné : ma mère est décédée alors que j'étais à Moscou. Mon père, mon frère et sa femme – tous médecins – s'occupaient très bien de ma mère ; d'autres membres de la famille et du personnel médical étaient également à proximité. J'étais donc bien conscient que, personnellement, je ne pouvais pas faire grand-chose pour ma mère. D'ailleurs, ces derniers temps, je ne savais même pas si elle était consciente de ma présence. Mais vous savez, quand on aime quelqu'un, on veut être avec cette personne précisément quand c'est difficile pour elle.
Notre Église est gravement malade, et je ne vais pas m'en séparer, parce qu'elle m'a ordonné, me tolère et, je l'espère, m'aime. Je ne suis pas assez naïf pour penser que je peux sauver l'Église ! Et là, c'est comme avec ma mère : je ne sais pas à quel point elle comprend et apprécie ma présence auprès d'elle... Mais que faire ? En matière d'amour, tout ne s'explique pas ! J'ai le sentiment et la conviction que c'est dans cette Église, l'Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou, que je dois rester, aussi difficile que cela puisse être. Et cela peut être difficile, et même très difficile.
Qu'aimeriez-vous dire à ceux qui célèbrent aujourd'hui le Noël orthodoxe ?
Le Sauveur est né un bébé sans défense dans une crèche, dans une étable, parce qu'il n'y avait pas de place pour lui dans les auberges, comme il est écrit dans l'Évangile. Il est né dans une période politique très difficile. Les deux évangélistes qui racontent sa naissance, Luc et Matthieu, font référence aux autorités politiques de l'époque : Auguste, Quirinius, Hérode. Rarement dans l'histoire il y eut un personnage comme Hérode dont tout le monde avait unanimement une si mauvaise opinion. C'était un malade mental, d'une cruauté et d'une violence inouïes. Et c'est sous son règne que naît le Fils de Dieu. Et il n'est pas né en tant qu'empereur, mais en tant qu'enfant sans défense. Je pense que l'icône de la Nativité est très importante et instructive à notre époque.
PS:
Chers lecteurs ! Durant les derniers jours de l’année passée, à ma grande surprise, diverses contributions financières me sont parvenus sur le compte du journal. Émanant de personnes que je ne connais pas personnellement, elles m’ont beaucoup touchées ! Ce n’est pas là qu’une question d’argent – lequel argent manque toujours et dans tous les médias ! Plutôt, j’y lis un geste de soutien à ce que je fais; un signe d’approbation des sujets que je choisis pour mes chroniques, mais aussi de l’accent qui les marque. Merci à ces personnes généreuses qui se reconnaitront ! Et si d’autres souhaitent les suivre, voici comment… Bonne année à vous tous !
Nadia Sikorsky a grandi à Moscou, où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’Ètat de Moscou. Après 13 ans au sein de l’Unesco à Paris puis à Genève, et exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale, fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, quotidien russophone en ligne.
En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels – le Forum des 100.
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