Le Festin sauvage raconte, de manière truculente et désinvolte, la famille juive russe (et athée) de l’auteur – deux de ses grands-parents, ses parents et lui-même –, sa fuite hors d’URSS, l’émigration à Vienne, puis à Rome, avant d’atteindre les États-Unis en 1988, lorsque l’auteur avait 9 ans. Tout au long du récit, le thème central est la nourriture comme manifestation visible de l’amour. Corollaire naturel : la faim, à la fois la faim réelle vécue par les membres les plus âgés de la famille pendant la guerre, et la faim métaphorique de Fishman adulte, son appétit pour l’indépendance, le succès en tant qu’écrivain et les conquêtes amoureuses.
L’auteur devient un homme, il révise peu à peu ses jugements sur le succès ou l’amour romantique, il s’américanise aussi, et s’éloigne malgré lui des générations précédentes. Jusqu’à ce qu’une aide à domicile ukrainienne soit engagée auprès du grand-père, devenu veuf. Par la magie de sa cuisine, elle va provoquer les retrouvailles des trois générations et faire affluer les souvenirs lors de festins sauvages. On évoque la grand-mère Daria, qui « avait un fourneau de la taille d’un lit. Il en sortait des pommes de terre croustillantes, coupées en quatre, saupoudrées d’aneth avant d’être badigeonnées de crème aigre… »
Boris Fishman est né à Minsk, en Biélorussie, et a émigré aux États-Unis en 1988. Ses textes ont été publiés par le New Yorker, la revue du New York Times, la New York Times Book Review, la London Review of Books, le Wall Street Journal et le Guardian, entre autres titres. Il est l’auteur de deux romans, tous deux traduits chez Buchet Chastel : Une vie d’emprunt et Rodéo. À leur parution, ces deux romans ont figuré parmi les « meilleurs livres de l’année » du New York Times. Boris Fishman enseigne l’écriture créative à l’université de Princeton. Il habite New York.
A lire notre critique ici.
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