En ouverture de ces Dédicaces I, les récits Conversation de salon (à Edgar Allan
Poe) et De la vie des copeaux (à Georges Simenon) se lisent avec davantage de
plaisir et d'intérêt. Sans doute en raison de leur brièveté. Et parce que le
héros Eraste Fandorine est ici cueilli plus tôt dans sa carrière. Deux autres
volumes sont prévus dans la même série, avec des nouvelles dédiées à Robert Van
Gulik, Agatha Christie et Umberto Eco, entre autres. De quoi, malgré tout,
piquer notre curiosité...
31 décembre 1899. Pour le détective russe Eraste Fandorine et son serviteur
japonais Massa, le passage au siècle nouveau coïncide avec une aventure des plus
étonnantes. Sur le chemin des fins limiers, le roi du travestissement, Arsène
Lupin lui-même. Et dans le sillage de l'insaisissable voleur, Eraste Fandorine
et Massa rencontrent leurs parfaits alter ego: Sherlock Holmes et son fidèle
Docteur Watson!
Un jeu du chat et de la souris qui aurait pu tourner au match au sommet entre
deux grands investigateurs de la littérature. Sauf que, une fois l'effet de cet
étalage de noms passé, on s'ennuie ferme à la lecture de La prisonnière de la
tour. Jadis maître du pastiche, Boris Akounine rend
hommage à Maurice Leblanc avec une platitude rédhibitoire. Le style du
prolifique écrivain russe imite le feuilleton, certes, mais ses personnages sont
si caricaturaux, l'intrigue si terre à terre, que l'amateur de serial se
retrouve privé de ce qui le tient en haleine dans ce genre de littérature
policière: le rebondissement permanent. On est loin de la virtuosité formelle
des premiers exploits de Fandorine, les romans Azazel et Le gambit turc.
Luca Sabbatini