L'expression est diablement parlante. Pour
l'heure, on n'a pas trouvé mieux pour désigner cette «variante» à
l'anéantissement des juifs européens dans des camps d'extermination.
Entre 1941 et 1944, entre 1,5 et 2 millions de juifs d'URSS sont fusillés par les nazis.
Ce chapitre de l'Holocauste, évoqué dans le roman de Jonathan Littel, Les Bienveillantes, est connu des historiens. Ce qu'on ignorait, c'est la façon dont les Einsatzgruppen, ces commandos mobiles placés sous l'autorité de Heydrich et de Himmler, opéraient sur place.
Loi du silence.
Une lacune en partie comblée par un prêtre bourguignon. Patrick Desbois n'est ni historien ni russophone. Sa curiosité pour l'Ukraine lui vient d'un grand-père volailler déporté pendant la guerre à Rawa-Ruska.
En 2002, il part visiter cette ville de l'ancien empire austro-hongrois où vivait une forte communauté juive. Le camp n'existe plus, lui jurent les autorités locales. Le père Desbois finit par le retrouver, presque intact. «Tout au long de mes recherches, on me dira que les camps, les ghettos, les synagogues, les pierres des cimetières juifs ont disparu, qu'il ne reste plus rien. Je n'y prêterai plus jamais attention et chercherai, obstiné, à retrouver le ghetto, la synagogue et les pierres du cimetière juif», note le prêtre, qui publie aujourd'hui le résultat de ses recherches.
La terre parle.
Au contact de ce prêtre au visage rassurant, les langues se délient, les témoins réveillent des souvenirs endormis depuis plus de soixante ans. Enfants, ils ont souvent assisté aux massacres. Beaucoup de gamins ukrainiens étaient «réquisitionnés» par les nazis: pour creuser les fosses, les reboucher après le carnage, ramasser les vêtements des juifs, compter les corps, les brûler, récolter leurs dents en or. Autant de petits métiers du génocide qui font de ces enfants des complices involontaires. Souvent plus victimes que bourreaux. En trois ans, le père Desbois recueillera quelque 700 témoignages.
Et si les
hommes se taisent, la terre parle à leur place. Grâce à un détecteur à
métaux, l'équipe du Père Desbois situe les fosses et déterre les
douilles. «Une balle, un juif. Un juif, une douille», résumait le
SS-Gruppenführer Otto Ohlendorf, chef d'un Einsatzgruppe, lors de son
procès après-guerre. Quand on déterre 300 douilles dans un petit champ
de Galicie, on sait que plus ou moins 300 juifs y furent massacrés
d'une balle dans la tête. En guise de sépulture tardive, l'équipe
dépose une pierre et invente une étoile de David avec quelques
branches.
«Une solution plus propre».
«En Ukraine,
il n'y a point de camp. C'est presqu'un continent d'extermination»,
note le père Desbois, qui est par ailleurs conseiller du Vatican pour
le judaïsme.
Septembre 1941, les troupes allemandes culbutent
l'Armée rouge. Les juifs qui n'ont pas réussi à fuir Kiev sont conduits
jusqu'au ravin de Babi Yar, où ils sont assassinés par petits groupes.
33 771 personnes périssent. C'est le point de départ d'une campagne
d'anéantissement systématique en Ukraine.
Himmler assiste à
une exécution près de Minsk, en Biélorussie. Il tourne de l'œil.
Bientôt lui viendra, comme à d'autres, l'idée d'une «solution» plus
«propre», industrielle. Mais l'Ukraine est rurale, le front proche et,
dès 1942, les camps d'extermination lointains. Malgré ses légers maux
de tête, Himmler laisse donc ses Einsatzgruppen transformer l'Ukraine
en un vaste charnier.
Mathieu Van Berchem, Paris, pour Tribune de Genève
«Porteur de mémoires», par le Père Patrick Desbois. Editions Michel Lafon, 2007.
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