"Места русской памяти". Встреча с Жоржем Нива

Georges Nivat, professeur honoraire à l’université de Genève, parlera de l’ouvrage qu’il a publié il y a juste deux ans, Les Sites de la mémoire russe. Tome 2. Histoire et mythes de la mémoire russe. (Paris, Fayard, 859 pages)
Les Sites de la mémoire russe dont il est l’architecte, comportent deux tomes. Le premier sur la Géographie de la mémoire russe évoque les monastères, le bourg russe, les universités et musées, les lieux de promenade, les gentilhommières, etc. Le second, Histoire et mythes de la mémoire russe, donne des portraits des grands historiens, raconte la découverte des Chroniques médiévales, publication commencée sous Nicolas Ier, poursuivie aujourd’hui, la découverte à Novgorod des « lettres sur écorce de bouleau », enfouies dans la boue depuis le Moyen-Âge. On y définit la singularité des mémoires picturale et musicale au XIXème siècle, immense folklore et une « mémoire du quotidien » qui contrebalance les ravages du « coq rouge » ou des jacqueries.
Viennent ensuite les grands mythes politiques - celui de Pierre Ier, élaboré avec soin par lui-même, celui du Mausolée de Lénine, les destins tragiques des Réformateurs russes. L’ethnographie fondée par le prince Tenichev, les grandes encyclopédies, l’histoire du sentiment religieux en Russie (culte des saints, « fols en Christ »), le culte de l’enfant-délateur Pavlik Morozov, sous Staline. Et, bien sûr, les mythes de la gloire guerrière (Poltava, Plevna, Grande Guerre patriotique). Certains mythes russes sont quasi inconnus en Occident, comme « la Russie seconde Grèce », imaginée par Catherine II, d’autres sont connus mais déformés (l’hetman cosaque Mazeppa dans l’imaginaire romantique européen).
Les pertes de mémoire, l’amnésie de la Russie stalinienne, mais aussi l’hypermnésie dans toute l’histoire russe. L’histoire enrôlée dans le cinéma soviétique, avec les mythes du « 7 novembre », ou de la « Rencontre sur l’Elbe » tient des deux. Les mythes filmés par Eisenstein et plus récemment par Sokourov ou Andreï Smirnov interprètent la cruauté russe par le filtre de l’épopée. En conclusion sont évoquées les lois mémorielles du régime actuel. « Comme toujours il faut tout recommencer à chaque fois », écrit l’écrivain Andreï Bitov.
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Rencontre avec Georges Nivat
Société de Lecture à Genève, Grand’ rue N° 11
le jeudi 25 novembre à 12h30
Inscription obligatoire au 022 311 45 90 ou par email secretariat@societe-de-lecture.ch Prix : CHF 35