вторник, 16 апреля 2024 года   

Léon TOLSTOÏ: La Sonate à Kreutzer, traduit du russe par Michel Aucouturier Sofia TOLSTOÏ : À qui la faute? Romance sans paroles; Léon TOLSTOÏ fils: Le prélude de Chopin, traduits du russe par Eveline Amoursky. Editions des Syrtes, 2010

Le 20 novembre 2010 marquera le 100ème anniversaire de la mort de Léon Tolstoï.

L’année 1888 donne naissance à une nouvelle œuvre d’art, qui marque une étape dans la vie de Sofia Andreïevna et dans la carrière littéraire de son époux : La Sonate à Kreutzer, où la séduction et la jalousie tissent la trame d’un drame conjugal ; elle fut l’occasion pour Tolstoï d’assimiler la femme à la tentation, et la chair au vice.

À l’époque où Tolstoï rédige La Sonate à Kreutzer, il traverse une grave crise morale et mystique. Il tente d’atteindre l’idéal chrétien et se sert du roman pour montrer la voie à ses contemporains.

« Il y avait quelque chose de mauvais dans les motivations qui me gouvernaient quand je l’écrivais », confesse-t-il dans une lettre du 15 avril 1891. Tolstoï s’autorise ici ses fantasmes les plus sombres.

Léon Tolstoï découvre pour la première fois, le 3 juillet 1887, cette pièce de Beethoven qui le bouleverse. Il l’entend à nouveau au cours d’une réunion d’amis, dont le peintre Repine et l’acteur Andreïev-Bourlak. Léon Tolstoï propose aux deux hommes d’exprimer l’émotion que leur procure ce morceau en se servant chacun des moyens propres à son art. Mais Andreïev-Bourlak meurt au mois de mai de la même année, Repine oublie sa promesse, et seul Léon Tolstoï met son projet à exécution.

Durant l’été 1889, il retravaille son œuvre avec passion. Jusqu’à la dernière ligne du roman transparaissent le dégoût de l’auteur pour le mariage qui n’est que de la « prostitution légalisée », sa haine des femmes « qui se vengent de nous en agissant sur nos sens », sa conviction que, pour obéir à la volonté de Dieu, l’homme doit s’abstenir de procréer.

Une copie est emportée à Saint-Pétersbourg et lue chez la belle-sœur de Léon Tolstoï, Tania Kouzminski. Le lendemain, le 29 octobre 1889, la nouvelle est lue à la rédaction de L’Intermédiaire (où paraissaient les œuvres de Tolstoï). La nuit même, plusieurs personnes la recopient. Quelques jours après, huit cents exemplaires lithographiés circulent dans Saint-Pétersbourg. Grâce à cette diffusion, La Sonate à Kreutzer devient un objet de discussion, de polémique, à tel point que Tolstoï a éprouvé le besoin d’en fixer le sens dans une postface.

Sofia Andreïevna, qui copie le manuscrit, éprouve, en le lisant, autant de fascination que d’horreur. Sa vengeance sera littéraire. Pour sa défense et celle des femmes en général, elle écrit un roman : À qui la faute ? Elle s’explique dans Ma vie, en 1891: «La correction de La Sonate à Kreutzer, œuvre que je n’ai jamais aimée à cause de la grossièreté du rapport aux femmes qu’elle dénote, me suggéra l’idée d’écrire autour de ce texte mon propre roman.»

Le sous-titre – « À propos de La Sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï » – renseigne sur la façon dont l’auteure veut qu’on comprenne le texte. Son roman est comme une bouteille à la mer qui contiendrait l’image vraie de la femme de Tolstoï, une héroïne pure, qui offre son amour sans arrière-pensées. Sofia Andreïevna n’hésite pas à reconnaître que son héroïne, Anna, étant donné la dureté de son quotidien, est prête à franchir le pas de l’adultère. Dans le roman, l’héroïne est mortellement blessée par son mari dans un accès de jalousie. À cette vue, écrit Sofia Tolstoï pleine d’espoir, le mari d’Anna devenu meurtrier apprend à « aimer son âme pure et délicate qui s’en va ».

Peu connu, même en Russie, ce texte raffiné révèle un talent né dans le tourbillon d’un enfer domestique. C’est à la fois une adresse aux lecteurs et le théâtre de sa propre justification. Il faut toute l’influence de ses proches pour dissuader Sofia Tolstoï de publier son récit.
« Je voulais montrer, dans mon œuvre, la différence entre l’amour d’un homme et celui d’une femme. L’homme met au premier plan l’amour physique ; la femme idéalise et poétise l’amour, il y a d’abord la tendresse, l’éveil sexuel ne vient qu’après.»

Il existe un autre roman inédit écrit par Sofia Andreïevna entre 1895-1898. Romance sans paroles reflète sa fascination pour la musique et pour le compositeur S. I. Taneïev. L’héroïne du roman, Alexandra Alexeïevna se rend au chevet de sa mère mourante en Crimée et subit un choc lors de son décès. L’auteure y dépeint son propre voyage à Ialta auprès de sa mère mourante en 1886.

Après le décès de sa mère, Alexandra Alexeïevna aspire à l’isolement et part vivre avec son mari à la campagne. Il ne se trouve autour de leur demeure qu’une seule petite maison occupée par un pianiste. Le premier morceau qu’entend Alexandra Alexeïevna joué par ce musicien est Romance sans paroles de Mendelssohn ; dès les premiers sons, elle reprend goût à la vie. Le musicien devient un ami de la famille. Sa musique continue de la captiver, et le pianiste compose une œuvre en l’honneur d’Alexandra Alexeïevna. Elle devient obsédée par la musique et ne vit que pour voir Ivan Illitch. Leur retour à Moscou les éloigne l’un de l’autre mais Alexandra Alexeïevna ne peut plus vivre sans lui. Ne trouvant pas de consolation, elle sombre dans la folie et se rend d’elle-même dans un hôpital psychiatrique.

Après la défense et la réplique de la femme de Tolstoï, le fils, Léon Lvovitch, prend lui aussi la plume pour exprimer sa vision du couple. Il était en désaccord avec l’image masculine donnée par ses parents dans leurs œuvres.

Dans une lettre adressée à sa mère, le 27 novembre 1892, il lui fit ces reproches: « En tant que femme de notre père, en tant que mère de nous tous, qui avez incarné on ne peut mieux ce à quoi vous étiez destinée et qui l’accomplirez jusqu’au bout, vous méritez les plus grandes louanges. Mais si vous gâtez votre condition en laissant se déverser dans un mauvais roman un dépit injuste et infondé, vous vous écarterez de votre haute et essentielle mission d’épouse et de mère car entre-temps l’amour aura disparu et vous vous serez vous-même égarée.»

Comme l’explique l’auteur, Le Prélude de Chopin « ne fut pas écrit comme une réponse à La Sonate à Kreutzer, il n’était que l’expression de pensées qui me préoccupaient grandement à ce moment-là. Le récit ne prit la forme d’une antithèse à La Sonate à Kreutzer que dans sa dernière version».

Dans ce récit, Léon Tolstoï fils développe l’idée qu’un mariage précoce et pur, où les deux époux ne font qu’un seul être, est un bien qu’il ne faut surtout pas fuir. Que l’aspiration à la chasteté absolue de l’humanité démontrée dans La Sonate à Kreutzer n’a aucun sens car elle mène à l’extinction du genre humain.

Ce projet éditorial est un ensemble littéraire sur la question conjugale, du point de vue de Léon Tolstoï mais aussi de ses proches. Certes, La Sonate à Kreutzer demeure un texte connu, mais la nouvelle traduction, réalisée par Michel Aucouturier, la rend plus contemporaine. Quant aux trois autres textes, À qui la faute ?, Romance sans paroles et Le Prélude de Chopin, ils sont inédits en français.

Léon TOLSTOÏ (1828-1910) est issu d'une famille de la haute noblesse russe.
En 1852 paraît sa première nouvelle, Enfance, suivie d’autres récits autobiographiques avec Adolescence (1854), Jeunesse (1857) et ses Récits de Sébastopol (1855).

Rendu mondialement célèbre par ses romans, Guerre et Paix (1869) et Anna Karénine (1877), il traverse ensuite une véritable crise religieuse et morale, décrite dans Confession (1884). Léon Tolstoï devient un écrivain moralisateur et condamne toute recherche de plaisir ou de luxe. Son point de vue rationaliste sur l’orthodoxie le fait excommunier par le Saint-Synode en 1901.
De plus en plus en contradiction avec son mode vie, il décide de quitter la maison familiale, en octobre 1910, et meurt dans la petite gare d’Astapovo.

Sofia TOLSTOÏ (1844-1919) a épousé Léon Tolstoï le 23 septembre 1862, à dix-huit ans, alors que lui en a trente-deux. Il était alors en pleine gloire, de leur union naîtront treize enfants dont neuf survivront.
Dès leurs premières années de mariage, Sofia Tolstoï devient la plus proche collaboratrice de son mari : secrétaire, dactylographe ou copiste de ses œuvres.
Dévouée à son mari et à sa famille, c’est elle qui plaidera la cause de Tolstoï auprès du tsar lorsque celui-ci fut excommunié ou que ses œuvres furent censurées.
Après la révolution d’Octobre, elle demeure dans le domaine de Iasnaïa Poliana nationalisé. Atteinte d’une pneumonie, elle meurt le 4 novembre 1919.
Sofia Tolstoï a écrit deux nouvelles, un imposant journal intime, ainsi qu’une autobiographie, Ma vie.

Léon TOLSTOÏ fils (1869-1945) a étudié la médecine puis les lettres. Il a servi comme simple soldat dans le 4e bataillon impérial d’artillerie à Tsarskoïe Selo, mais est rapidement exempté pour des raisons de santé et rentre à Iasnaïa Poliana.
Dans sa jeunesse, Léon Tolstoï fils adhérait avec passion aux idées de son père, mais il s’en est éloigné par la suite. Musicien, portraitiste, sculpteur, journaliste, il était l’un des plus talentueux membres de la famille Tolstoï. Il s’adonnait sérieusement à la littérature et rêvait de devenir un grand écrivain.
À partir de 1891, il a publié dans Le Messager du Nord, La Semaine, Le Messager de l’Europe et d’autres revues une série de récits et d’articles. Ceux qui ont suscité le plus d’intérêt sont Les Années de disette et Le Prélude de Chopin.
En 1896, il a épousé la fille du médecin suédois D. Vesterlund. Il a émigré en 1918 en France, Italie, Suède, continuant d’écrire, de peindre et de sculpter. Il est mort le 18 décembre 1945, en Suède.

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